
Début septembre 2024, je me suis retrouvée au sommet du Breithorn, à exactement 4164 mètres au-dessus du niveau de la mer. Encordée, avec des crampons aux pieds et un casque sur la tête, j’avais les cheveux givrés et la tête dans les nuages. Et même si rien n’allait dans mon look, je m’en foutais, j’étais aux anges. Voici le récit d’une aventure hors du commun et d’une amitié sans faille.
Pourquoi un tel « défi »?
Il y a quelques années, j’ai souffert de graves problèmes aux hanches (conflits fémoro-acétabulaires de type CAM) qui me provoquaient, à chaque pas, de violentes douleurs. Le quotidien était compliqué et même accompagner mes enfants à l’école – quelques centaines de mètres seulement – relevait de l’exploit.
Après une première opération, les médecins du CHUV à Lausanne, m’ont dit qu’il n’y avait rien d’autre à faire, que seules des cannes pourraient me soulager au quotidien. Je suis ressortie de ce rendez-vous abasourdie mais avec une force indescriptible pour tenter de trouver une solution. J’ai alors passé des heures à faire des recherches sur internet et j’ai attendu des mois pour enfin rencontrer LE seul médecin de Suisse romande susceptible de m’aider. Après deux lourdes opérations, 500 heures de rééducation et des mois et des mois de physiothérapie, j’ai pu recommencer à marcher à plat, puis doucement mais sûrement, en montagne. C’était un truc de dingue, une sensation de liberté incroyable et des émotions indescriptibles !
Aujourd’hui, je marche, je fais du VTT électrique, du ski de fond, de la raquette et j’adore danser jusqu’au bout de la nuit ! Et même si mes jambes n’ont jamais retrouvé toute leur force, je peux quand même voir encore plus loin, et surtout, plus haut.
Alors, quand mon mari et des amis m’ont parlé de « faire » le Breithorn, de monter à plus de 4000m d’altitude et de découvrir la haute montagne, j’ai accepté, sans trop réfléchir à ce qui m’attendait. Je ne savais qu’une seule chose : je pouvais leur faire confiance, et ça, c’était, pour moi, le plus important.
La phase de préparation
J’avoue, gravir le Breithorn a été une expérience incroyable, mais la préparation orchestrée par mon amie Céline fut tout autant dingue ! C’est elle qui a tout imaginé, qui m’a motivée et qui m’a préparé un programme sur mesure, alternant endurance, dénivelé, altitude et gestion du vertige (en plus des discussions et des rires !)
- Les Lacs de Fenêtre (en partant depuis un petit plus haut que La Fouly) : une journée magique, des paysages à couper le souffle et une expérience unique partagée avec Céline, ses filles et une des miennes.
- L’étape Schwarzenburg-Fribourg de la Via Jacobi, avec un petit détour par le Pont de la Poya pour y découvrir une oeuvre aussi majestueuse qu’éphémère de l’artiste Saype.
- L’ascension du Teysachaux, dans les Préalpes fribourgeoises : vertigineux, éprouvant mais inoubliable, malgré une invasion de fourmis volantes au sommet !
En plus de ces randonnées, j’ai profité de l’été pour marcher quotidiennement et améliorer mon endurance.
Enfin, c’est en préparant notre matériel quelques semaines avant l’ascension, que j’ai réalisé l’ampleur du défi ! Nous allions marcher sur un glacier, encordés et crampons aux pieds ! J’avais jusqu’alors fait l’autruche mais clairement, cela a fait monter la pression !
L’arrivée à Zermatt
Nous sommes arrivées à Zermatt un samedi après-midi de septembre. Après avoir préparé le matériel et fait quelques exercices pratiques (noeuds, baudriers, divers ajustements, etc.) nous avons profité du soleil pour nous balader dans le village et aller boire un bon apéro sur une terrasse. Je ne vais pas vous cacher que plus les heures passaient plus la nervosité montait (je commençais à flipper sérieusement !) mais l’énergie du groupe me portait. Impossible de reculer alors que tout le monde s’était investi à fond et était super motivé !
L’ascension du Breithorn, pas à pas
Après un bon petit déjeuner, nous nous sommes habillés, équipés et avons gagné le départ de la télécabine qui monte au Petit Cervin. Et quel trajet ! Les paysages étaient aussi sublimes que le vide était impressionnant et quand la peur m’envahissait, elle s’effaçait aussitôt, emportée par la beauté et le cadre incroyable dans lequel j’allais faire mon premier 4000.
Une fois en haut, nous nous sommes encordés et avons commencé la traversée du glacier. Nos deux cordées de 3 personnes évoluaient sur la neige fraîchement tombée mais sous un magnifique ciel bleu. Les sommets environnants étaient pour la plupart cachés par un voile de nuages mais il faisait bon, terriblement bon. Mon coeur battait à tout rompre dans ma poitrine et je sentais, comme jamais, l’air entrer et sortir de mes poumons. Mon regard était fixé sur notre objectif : le Breithorn était là, juste là, face à nous, majestueux.
L’altitude se faisait sentir, mon souffle était plus difficile, plus court. Doucement, tranquillement, un pas après l’autre, toujours à une cadence très basse afin de ne pas fatiguer le corps, on avançait, traversait le glacier. Impressionnant.
Le soleil caressait mon visage et réchauffait mon corps alors que mon coeur tapait de plus en plus fort. J’allais vraiment arriver là en haut ? Impossible. Le doute s’est immiscé en moi plusieurs fois tandis qu’on montait, au ralenti. Il paraît que c’est mieux d’aller doucement que de s’arrêter trop souvent … et même si je me suis arrêtée plusieurs fois (et ai obligé ma cordée à s’arrêter aussi 🙁 ), que j’ai hurlé sur mon pote pour lui dire, à quelques mètres du sommet, qu’on n’était pas obligé d’aller jusqu’en haut, que je me suis dite plein de fois que je n’y arriverais jamais, je suis heureuse qu’il m’ait poussée, encouragée à me dépasser sinon, je ne serais jamais arrivée en haut. Et ça aurait été tellement dommage !
Au sommet, une vue à couper le souffle
Je vous mentirais si je vous disais qu’on a bien profité là-haut … il y avait du vent, il faisait un froid de canard et sincèrement, j’ai vraiment eu peur quand il a fallu passer sur une petite arête avant le sommet ! Mais, en regardant autour de moi, en voyant mes amis, leurs filles et mon mari, l’émotion m’a envahie ! J’étais là, à plus de 4000 mètres d’altitude, avec des gens fantastiques et dans un cadre majestueux, mais quelle chance incroyable j’avais ! Jamais je n’oublierai ce bonheur absolu mais aussi cette sensation de liberté et de petitesse face à l’immensité.
Le retour : redescendre sur terre
C’est là, durant la descente que j’ai vraiment profité du panorama incroyable qui s’offrait à nous. Durant la montée, il fallait gérer les efforts, mais là, à part la prudence qui est de mise dans un tel environnement et à chaque pas, j’ai pu profiter pleinement de la vue de fou qu’on avait sur le Cervin et les sommets environnants.
Arrivé.e.s en bas, nous nous sommes arrêtés quelques instants afin de grignoter quelque chose mais aussi de profiter encore un peu de ces moments que nous venions de partager ensemble. J’avais l’impression d’être sur un nuage, de flotter et je me suis laissée porter par toutes ces sensations durant la traversée de retour du glacier. Le bonheur me donnait des ailes.
Mais, aussi bizarre que cela puisse paraître, la vraie épreuve de la journée m’attendait : les quelques marches menant au départ de la télécabine ! Les gravir a été plus dur que l’ascension du Breithorn elle-même ! J’ai cru que je n’y arriverais jamais…
Des souvenirs plein les jambes et la tête
Gravir le Breithorn a été bien plus qu’un « exploit » sportif. C’était une aventure humaine, une histoire d’amitié, une victoire personnelle et un symbole de résilience. J’ai des souvenirs plein la tête, des émotions plein de coeur et cette aventure restera à jamais gravée en moi.
Si vous souhaitez tenter un défi similaire, entourez-vous des bonnes personnes et préparez-vous minutieusement ! Mais surtout, prenez du plaisir, découvrez, échangez et savourez chaque instant partagés, car, au final, l’essentiel, que ce soit à 4000m, autour d’un verre ou à un concert, c’est d’être bien entouré.


Val
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Ce site est avant tout un lieu d’expressoin et de partage. J’ai le plaisir de vous y parler de cuisine, de vous y chuchoter quelques adresses coup de coeur, de vous y présenter quelques unes de mes passions ou encore d’y inviter des gens intéressants et qui ont des choses dingues à partager. J’espère que cela vous plaira !